Ahcene Mariche
(Algérie, Kabylie)
Un seul mot
Les paroles sont semblables aux abeilles,
Possédant miel et venin.
Tantôt un excès de saveur sans pareil,
Tantôt, elles sont pires qu’un surin.
Un seul mot peut te hisser
Vers l’apogée et la gloire.
Tu connaitras les sommets,
L’aisance et le pouvoir,
Les portes s’ouvriront d’un trait,
Des richesses à gogo vont pleuvoir.
Un seul mot peut causer ta chute,
Tu mordras la poussière.
Tu perdras tout en une minute,
Tout comme par un mystère.
Dont la discussion que tu débute,
Pèse bien les mots que tu profères.
Un seul mot peut changer ton attitude,
D’un coup, il modifie ton humeur.
Tu le rabâches avec hébétude,
Il trouble ta paix intérieure.
Il te fera perdre ta quiétude,
De tes entrailles jaillira la vapeur.
Un seul mot te sera remède,
Il te guérira du mal passé.
Tu jouiras de la gaieté qui succède,
Tu seras réjoui et rassuré.
Ton écho te sera une aide,
Il sera aisé à tes côtés.
Un seul mot te causera des blessures,
Ses plaies sont pires que celles d’un couteau.
Pauvre âme qui souffre et endure,
On dirait des sabres qui traversent la peau,
Les larmes coulent à flot sur la figure,
Le corps semble être dans un fourneau.
Un seul mot te procurera l’ivresse,
Il est pire que le vin et la drogue.
Son effet est tel un océan que l’ouragan traverse,
Ton esprit sera saisi de sensation analogue.
Et tu passeras des nuits blanches sans cesse
Les soucis seront ton épilogue.
L’énigme
Combien de gens ai-je habillés ?
A combien d’autres j’ai rapiécé ?
Parmi les pauvres et les nantis.
Combien d’épines ai-je enlevées ?
Combien de furoncles ai-je percés ?
A ceux qui traînent des maladies.
Combien de boucles d’oreilles portées grâce à moi
A combien suis-je utile, c’est ainsi qu’on me voit,
Dans la vie de tous, je suis incontestable.
Oh ! Combien de mariées ai-je parées de surcroît,
Ainsi que leurs conjoints que j’ai embellis à leurs choix
Pour paraître devant les gens agréables
Combien de gens ai-je protégés,
Combien on ai-je couvert de près,
D’un habit sur mesure ?
De combien je m’en suis occupé,
Leur assurant des biens en quantité
Mais ils sont ingrats de nature.
J’ai pris conscience une fois trop tard,
Des services que j’ai rendus au départ,
Devenant semblable au laboureur des eaux.
Que voulez vous ? Je connais l’homme et son hasard,
Autrement, je n’ai aucun profit à part,
Mais j’ai fait ça parce qu’il le faut.
Si tous mes dires vous paraissent étranges,
Ce ne sont que des maximes que j’arrange
Et que j’ai pris du riche terroir.
Toutes ces paroles que je mélange,
Pour parler de moi et de l’aiguille en échange
Qui est restée nue, allez-y voir.
JE DEVIENDRAI TON OMBRE
Mon pas emboîtera ton pas
Ton ombre, désormais sera moi
Tu marches et je te suis
Tu t’assoies et je me plie
Je ne te quitterai plus, c’est écrit
Jusqu’à ce que fonde la nuit
Tu me retrouveras au même endroit
Dès que le premier rayon te transpercera
Si tu donnes du dos au soleil
Je me dresserai penché devant ton œil
Si tu l’affrontes de face
Derrière toi, tel un fidèle chien de race
Quand il se pointera au zénith
Tu me croiras disparu bien vite
Soulagée, tu me penseras rentré au gîte
Mais tant que le soleil est là, moi je demeure
Et quand tu te sentiras étourdie par la chaleur
Regarde à tes pieds, je suis là te rendant les honneurs
Je hais la tombée de la nuit
Celle qui me sépare de toi
Elle m’apporte angoisse et ennuis
Elle laisse une place vide, sans moi
Je suis impatient ô aube de te voir enfin là
Apparaissant, je regagne mon statut et ma joie
C’est la petite lueur qui vient à mon secours
Me ressuscitant la nuit venue m’accordant un second tour
Ayant besoin de cette clarté vacillante
Pour enfiler le fil dans son aiguille fuyante
Et sans qu’elle s’en rende compte
Je lui apparaîtrai sur le mur, ombre géante
Je rallongerai le jour et lui ajouterai de l’âge
Tel qu’il est, il ne peut suffire, c’est dommage
Au soleil je dresserai un barrage
Pour que celui-ci ne se couche pas
Les ténèbres, j’en monterai un vigile qui ne dort pas
Pour arrêter leur avance et freiner leur pas
Ainsi, toi et moi, nous profiterons l’un de l’autre
Car la vie est éphémère et rien d’autre.
Toi, qui d’elle-même s’invite
Sans aucun rendez-vous.
Toi, qui me rends visite
Dont j’ignore les dessous.
Toi, qui me réjouis sans limites,
Ton mérite dépasse le tout.
Tu vaques à tes affaires
Ignorant jusqu’à mon existence.
Tu atteints ce que tu espères,
Me laissant que des souffrances.
Tu décides du temps comme tu le préfères,
Te moquant toujours de mes préférences.
Même si on s’est habitué en permanence
Mon regard ne t’a guère admiré.
Nous faisons des concessions d’allégeance
Concernant nos communs intérêts.
Quelles que soient nos différences,
Je demeure ton fidèle passionné.
Je suis sensible envers toi
Bien que mes mains ne t’ont effleurée.
J’écrirai tout ce qui sort par ta voie
Bien que les oreilles n’ont rien écouté.
J’en ferai des poèmes toutefois,
Dont la longueur sera inégalée.
Même si je change d’emplacement
Sans te communiquer mon adresse.
Ton temps s’avère le moment,
Dès que ton cœur est touché par la tendresse.
Mon gouffre te paraîtra évident
Et je comblerai tout ce qui t’intéresse.
Tu n’as pas d’itinéraire singulier,
Tous les chemins t’y conduisant.
Ton viatique, est-il amer et déprécié
Ou précieux comme je l’attends ?
Même si le pique n’est pas aiguisé,
Tout se résout comme par enchantement.
La porte et la fenêtre sont fermées,
J’ai même bouché les accès ouverts.
Aucun coin n’est négligé
Y compris les caniveaux divers.
Par où es-tu donc passée,
A travers le vent ou l’éclair ?
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi douce que désagréable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi délicate qu’insupportable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi familière qu’inabordable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi polie que décevable.
J’ignore par quel moyen tu arrives
Quand tu atterris chez-moi ?
Plutôt, comment tu t’esquives,
Me laissant seul, pantois ?
Il est temps que tu prennes l’initiative,
Entendre un seul mot de toi.
Restons ensemble à jamais si tu arrives,
Sinon, rends-moi la paix que tu me dois !
Le besoin m’a inventé
Le besoin m’a inventé
Ayant une place réservée
Dans la vie de l’être humain.
De tous visages, il m’a doté,
Avec des formes variées,
L’histoire étant témoin.
Je m’occupe de toutes activités,
Je rends la tache aisée
Pour celui qui m’a découvert.
Oh ! Combien de choses ai-je coupées,
Légumes, maint bois taillés
Et quartiers de viande divers !
Au travail, je me perfectionne,
Etant fier de ma personne,
Ma valeur ne cesse d’augmenter.
A peine sorti de cuisine que j’abandonne,
D’un fourreau, on me couronne,
Chose qui me procure la beauté.
On m’accroche au muret,
Me réservant des coins préférés,
Parce que l’on me vénère.
On me saisit avec fierté
Dans la vie royale ou celle des aisés,
Celle d’ailleurs que je préfère.
Cependant, oh ! Quelle fatalité
D’être utilisé par un forcené
Pour commettre un carnage !
A cause de moi, on a balafré,
Beaucoup sont assassinés
Jusqu’à me qualifier de mauvais présage !
En une minute, tout s’en va,
Je m’écroule au plus bas,
Ayant honte de moi-même.
Devenu otage de l’homme de loi
Qui condamne ce malfrat,
Alors, je revois tous mes problèmes.
Ma mer, à présent, est déchaînée,
Me rappelant tout le passé
Et de toutes les voies déjà prises.
La flamme m’a défiguré,
Le marteau a pris le relais
Avec la pierre, on m’aiguise.
A tout feu, j’ai résisté,
Je n’entends que le soufflet
Qui malmène mon état.
A toute surface rude, on m’a aiguisé
A la ponceuse ou au rocher
Pour avoir un tranchant adéquat.
Voilà donc ce que j’ai enduré
Avant de vous rencontrer,
N’est-ce pas un vrai tourment ?
Chez certains, j’ai fait preuve de bonté,
Chez d’autres, j’ai causé des méfaits,
Le savez-vous ? Je suis le tranchant !!
La perle
La perle parmi d’autres prunelles
N’est que perle simple et ordinaire.
Prise sous un autre aspect circonstanciel,
Sa valeur augmente les enchères.
A l’image de chaque demoiselle,
Jugée à l’écart, elle paraît super.
Tous les épis rayonnent d’élégance
A travers le champ de blé.
Sauf celui qui se balance
Etant vide et léger.
Les femmes ont cette ressemblance,
Choisis celle qui est bien tournée.
L’argent ne peut être que l’argent,
Il est richesse pour son possesseur.
Il arrange même le comportement
De son éventuel porteur.
La broche accroît la séduction
De celle qui la met en valeur.
L’or est communément appelé or
Et aucun ne doute de sa valeur.
Pour en avoir, oh ! Combien d’efforts !
A l’image de cette mariée qui brûle d’ardeur.
Qui de nous n’apprécie le décor
Avec le ceinturon de perles ensorceleur ?
Les femmes qui se rassemblent en conseil
Disent plus de mensonge que de vérité.
La jalousie quand elle se réveille
Engendre toutes sortes de calamités.
Quant à toi, je te conseille
De choisir celle qui n’a rien articulé.
Choisis celle qui discerne,
Qui écoute plus qu’elle ne dit.
Devant elle, l’ennemi se prosterne
Mais réservant de l’égard à l’ami.
Elle ne connaît ni rancœur ni baliverne,
De joie et de paix, elle entoure sa vie.
Dieu, en façonnant sa créature,
A bien su prendre ses dispositions.
Il l’a doté de deux oreilles à sa mesure
Et d’une seule bouche nécessairement.
C’est ainsi qu’il a clôturé sa procédure,
L’homme doit donc saisir sa raison.
Sois toi-même
Sois toi-même simplement,
Ne te mêle guère de la voisine.
Ne t’acharne point et évite l’émulation,
Qui veut se défouler, tambourine.
Tu connais qui t’a doté d’un nom
Quand il prête serment il ne le piétine.
Chacune est enfouie dans sa pèlerine,
Toi aussi, reconnais et protège ton bien.
Chacune s’identifie à sa racine,
Toi, aussi respectes ce que tu détiens.
Elève-le vers des cimes qui culminent,
Que seul l’érudit atteindra.
Tant pis pour qui veut se dénuder
Ou celui qui dans la déchéance échoue.
Quant à toi, préserve bien ton respect,
Evite qu’on le traîne ou on le bafoue.
Les joncs n’engendrent guère de madriers
Et quel intérêt attends-tu d’un bambou ?
Tu es charmante telle que tu es,
Tu es un être exceptionnel !
Imiter l’autre, à quoi bon d’essayer
Puisque tu es déjà très belle.
Admets donc tes capacités
Et tu susciteras une jalousie sans pareille.
Apprécie tes points forts
En estimant les tares d’autrui.
Ta valeur émergera dès lors
Et par tes soins sera agrandie.
D’autres t’envient mais tu ignores
Tout le rang dont tu jouis.
Les creux de mes nuits
C’est des poèmes qui remplissent
Les creux de toutes mes nuits.
Ils viennent et envahissent
Ma solitude, sans répit.
Ils m’attristent et me réjouissent,
Contrariant le cours de ma vie.
Soyez indulgents à mon égard,
Vous tous, très chers amis !
Mes nuits sont des cauchemars
Hantées par des sursauts en série.
Même dans le rêve, par hasard,
Ma tête pense et réfléchit.
S’agit-il d’une ou de deux situations,
Je passe toute la nuit à réfléchir.
En plus des essoufflements,
Peur et angoisse réunies.
A l’aube, au premier rayon,
Je perds ma force et je pâlis.
Que je dorme tout le jour,
Il m’est impossible de récupérer.
Autour de ma face, faites le tour,
Elle vous paraîtra tel un citron pressé.
Quant à ma taille tout court,
Hélas ! Elle est devenue courbée.
Toi, le bienheureux, m’a-t-on dit,
Après avoir entendu mes vers.
Toi au moins pardi !
Tu t’es soulagé de ta colère.
Quant à mes nombreuses péripéties,
C’est une véritable galère !
J’extériorise mes préoccupations
Et bien d’autres choses encore.
Je me mêle aussi de vos tourments
Puisque votre conscience s’endort.
Et d’après votre entendement :
« Que chacun mérite son sort ».
C’est plus fort que moi, bien entendu,
Le poème au bout des lèvres est constant.
Vos malheurs et les miens réunis
Font l’objet de mes sentiments.
Ce sont des cloques et des ampoules en série
Que j’aiguillonne très souvent
L’énigme
Combien de gens ai-je habillés ?
A combien d’autres j’ai rapiécé ?
Parmi les pauvres et les nantis.
Combien d’épines ai-je enlevées ?
Combien de furoncles ai-je percés ?
A ceux qui traînent des maladies.
Combien de boucles d’oreilles portées grâce à moi
A combien suis-je utile, c’est ainsi qu’on me voit,
Dans la vie de tous, je suis incontestable.
Oh ! Combien de mariées ai-je parées de surcroît,
Ainsi que leurs conjoints que j’ai embellis à leurs choix
Pour paraître devant les gens agréables
Combien de gens ai-je protégés,
Combien on ai-je couvert de près,
D’un habit sur mesure ?
De combien je m’en suis occupé,
Leur assurant des biens en quantité
Mais ils sont ingrats de nature.
J’ai pris conscience une fois trop tard,
Des services que j’ai rendus au départ,
Devenant semblable au laboureur des eaux.
Que voulez vous ? Je connais l’homme et son hasard,
Autrement, je n’ai aucun profit à part,
Mais j’ai fait ça parce qu’il le faut.
Si tous mes dires vous paraissent étranges,
Ce ne sont que des maximes que j’arrange
Et que j’ai pris du riche terroir.
Toutes ces paroles que je mélange,
Pour parler de moi et de l’aiguille en échange
Qui est restée nue, allez-y voir.
LA VERITE
L’être dit la vérité
Mais jamais dans sa totalité
Mangeant toute une moitié
Et même plus pour tout gâter
Plus encore, il en coud des bouts et les collait
Qu’une grosse toile ne peut dissimuler
La vérité est pareille à l’eau de roche
Se frayant un chemin sous la pierre serrée
Même après des années pleines d’encoches
Elle ne sera point altérée
Elle brillera pareille à des étoiles clairsemées
Attendue tel un jour à célébrer
Est-elle dissimulée ?
Ou au fond d’un puits précipité
Un jour, un motif y’aurait
Telle l’huile sur l’eau, elle va s’étaler
Le menteur a courte mémoire, il oubliait
Il finira par tout avouer
La parole est telle une balle sortie
Ne pouvant faire demi-tour une fois partie
Pouvant anéantir un village en une nuit
Ou le réunir dans le même lit
La parole est parfois pareille à l’ortie
Et parfois fleur blanche et pareille au lys
Le beau parleur
Inconscient de ses dires, beau narrateur
Ne sachant filtrer ses discours pour ses auditeurs
Entres petites ou grandes mailles du trieur
Cela pour son malheur
Il doit assumer quand viendra son heure
Il se rendra objet d’infamie
Se déversant sur lui en torrent de pluie
A la nuit tombée, il fera place au regret
Couvert d’ignominie et d’indignité
Gardera les yeux baissés
Et la tête bassement penchée
JE VEUX TE VOIR HEUREUSE
Je veux te voir heureuse
Libérée de tous soucis
Avec tes amies épanouies
Rien ne te terrifie
La face contre le vent toute étourdie
Des ailes te soutenant de chaque côté
Laisse donc ton cœur prendre l’envol
Là haut dans le ciel
De très haut tout sera net et si loin du sol
Tu verras tout ce qu’on t’a raconté si c’est réel
Ce qui est bon, tu en prendras soin tel un symbole
Et le reste tu le laisseras emporter par flots
Laisse tes jambes marcher à leur volonté
Abreuve tes yeux et étanche leur soif
Les oreilles toutes ouïe
Verrouille ta langue au fond du palais
La réponse à toutes tes questions
Te sera rapportée par tes expériences
La meilleure école est la vie
Que de gens y sont instruits !
Vous égarés voyez et apprenez
Regardez ce qui est arrivé au bœuf usé
Sachez que le semeur du vent
Ne récolte qu’une tempête de tourments
C’est la lumière qui éclipse les ténèbres
Celle qui te sera apportée par le savoir
Il n’est jamais trop tard pour bien faire
Que celui qui a bonne intention aille voir !
Et toi - jette tes pas vers l’avenir tout prêt
Dès que tu es résolu et vois clair !
La négligence
Ah ! Si on pouvait considérer
La négligence comme arme en puissance!
Elle est capable d’engendrer
Catastrophes et souffrances.
Elle est là pour dévaster
La société en éternelles vacances.
La négligence est un vilain défaut,
Elle est la cause de bien de ruines.
Elle est pour des hommes un bourreau,
La destruction est sa routine.
Que ce soit blanc ou noir corbeau,
Tout finit dans la ravine.
Autour de toi, jette un regard,
Les exemples ne manquent point.
Parmi ceux qui chutent, la plupart
Négligent les choses de loin.
Toute la mémoire s’efface plus tard
Par la négligence et avec soin.
La négligence est maladive
Elle aveugle, tue et paralyse.
Semblable au feu que le foin avive,
Ceux qui sont atteint le disent.
Ou comme le courant qui arrive,
Et dévaste les frontières et les balises.
Chacun veut s’en défaire
De cette négligence maléfique.
Ensemble, soyons solidaires,
Bannissons ce fait endémique
Qui hante notre imaginaire,
Pour enfin connaître une vie magnifique
Beaucoup seront pénalisés,
Combien connaitront les prisons.
Leurs jugements seront le plus compliqués
Puisqu’ils sont des malfaisants.
Ils ont tué, détruit ou volé,
Ils sont pires qu’un fusil ou un tranchant.
D’un pied ferme et sans bruit,
Ses pratiques sons grandioses.
Elle rallonge les frontières ou les réduits.
Elle va vite et l’affaire est close.
Tel le noir de minuit,
Au petit jour elle s’impose.
“Le besoin m’a inventé”
Le besoin m’a inventé
Ayant une place réservée
Dans la vie de l’être humain.
De tous visages, il m’a doté,
Avec des formes variées,
L’histoire étant témoin.
Je m’occupe de toutes activités,
Je rends la tache aisée
Pour celui qui m’a découvert.
Oh ! Combien de choses ai-je coupées,
Légumes, maint bois taillés
Et quartiers de viande divers !
Au travail, je me perfectionne,
Etant fier de ma personne,
Ma valeur ne cesse d’augmenter.
A peine sorti de cuisine que j’abandonne,
D’un fourreau, on me couronne,
Chose qui me procure la beauté.
On m’accroche au muret,
Me réservant des coins préférés,
Parce que l’on me vénère.
On me saisit avec fierté
Dans la vie royale ou celle des aisés,
Celle d’ailleurs que je préfère.
Cependant, oh ! Quelle fatalité
D’être utilisé par un forcené
Pour commettre un carnage !
A cause de moi, on a balafré,
Beaucoup sont assassinés
Jusqu’à me qualifier de mauvais présage !
En une minute, tout s’en va,
Je m’écroule au plus bas,
Ayant honte de moi-même.
Devenu otage de l’homme de loi
Qui condamne ce malfrat,
Alors, je revois tous mes problèmes.
Ma mer, à présent, est déchaînée,
Me rappelant tout le passé
Et de toutes les voies déjà prises.
La flamme m’a défiguré,
Le marteau a pris le relais
Avec la pierre, on m’aiguise.
A tout feu, j’ai résisté,
Je n’entends que le soufflet
Qui malmène mon état.
A toute surface rude, on m’a aiguisé
A la ponceuse ou au rocher
Pour avoir un tranchant adéquat.
Voilà donc ce que j’ai enduré
Avant de vous rencontrer,
N’est-ce pas un vrai tourment ?
Chez certains, j’ai fait preuve de bonté,
Chez d’autres, j’ai causé des méfaits,
Le savez-vous ? Je suis le tranchant!
http://ahcenemariche.free.fr/
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AHCENE MARICHE est né le 21 février 1967 à Tala Toulmouts dans la commune de Tizi Rached à l’est de la ville de Tizi Ouzou en grande Kabylie. Issu d’une famille modeste et fière de sa culture. Ahcene a grandi dans un climat où la culture régnait en maître, avec un grand-père maternel, Alin SAID, qui fut était poète-troubadour et une maman qui l’a toujours bercé avec les chants anciens.
Ahcène Mariche est professeur de physique, cameraman et photographe, il mêle et entremêle la science et la littérature, l’image et le son, les rêves et la réalité qu’il traduits en juste mots pour dire et écrire…
La touche psychanalytique, surréaliste, humaniste… sont omniprésentes dans ses œuvres.
Dans sa poésie, il multiplie et analyse les états d’âmes des regards, les odeurs et les saveurs, des paroles, les analyse et se permet même de faire de nouvelles approches entre mots et réalités, et de proposer des angles d’approche beaucoup plus modernes, plus intéressants dans ses visions poétiques mises en abîme, en respect de la tradition mais à la fois dans la recherche d’une fraîcheur et d’une fascination lyrique.
Très calme, contemplatif, attentif à la nature et au monde qui l’entourent, il prend toujours le soin de bien refléchir, de mieux peser ses mots…
Il a fait de très belles rencontres avec plusieurs artistes de renommée : Cherif Kheddam, Nouara, Ait Menguellet, Medjahed Hamid, Malika Domrane, Cherif Hamani, Farid Ferragui, Ali Meziane, rencontres qui ont été stimulantes pour sa poésie. Plusieurs fois, Ahcene a animé des soirées et des galas avec les chanteurs Taleb Tahar, Moh Oubélaïd, Kamal Bouyakoub, Hacène Ahres, Idir Bellali, ALILOU…
La presse écrite lui a réservé plusieurs articles et interviews dans : Le Matin, La Nouvelle République, Le Citoyen, Côte Ouest, Liberté, L’Expression, Le Soir d’Algérie, Akher Saâa, La Dépêche de Kabylie.
On y trouve aussi ses poèmes sur plus d’une quinzaine de sites Internet et blogs : http://www.kabyle.com, http://www.KabyleS.com, http://www.berberescope.com, http://www.vospoemes.com, http://www.oasisdesartistes.com …
La chaîne de télévision BERBERE TV lui a consacré plusieurs passages dans l’émission ITIJ N TMURT de ALI HADJAZ et l’émission Tamurth iw de AHMED DJENNADI.
En juillet 2006, la Chaîne de télévision nationale (ENTV) lui a consacré un reportage sur toute son œuvre artistique diffusé dans l’émission « Saif El Djazair » (Eté d’Algérie).
En Août 2006, il a été invité à la rencontre entre artistes peintres et poètes EL IBDAE TAWAM EL HOURIA organisée par la bibliothèque nationale à Tipaza du 15 au 25 août, occasion pour ses poèmes d’être reproduits en tableaux par les artistes Saliha Khelifi et Noureddine Zekara œuvres qui plus tard furent offertes au musée de Tipaza.